Ils sont venus de Marseille et de plus loin pour voir Johanna, Ninon ou Thomas, les personnages de "Plus belle la vie" dont le succès phénoménal est d'abord lié, selon l'équipe de la série, à l'identification très forte qu'ils suscitent et à l'ancrage dans l'actualité.
Dans le quartier marseillais du Panier, devant le bar des Treize coins dont se sont inspirés les créateurs du feuilleton pour créer celui du Mistral, le décor principal, plus d'une centaine de téléspectateurs, de tous âges, dégainent leur appareil photo ou leur téléphone portable pour immortaliser leur rencontre avec ceux qu'ils regardent tous les jours à la télévision et qui se sont déplacés ce jour-là pour une séance de dédicace.
Ils ne connaissent pas le nom des acteurs et les appellent par leur prénom de la série ou par leur fonction: "Regarde, il y a le juge", lance une petite fille à sa maman.
"On est populaires mais on n'est pas des stars inaccessibles. On a un rendez-vous tous les jours avec eux, les gens ont l'impression de nous connaître, on mange avec eux tous les soirs", explique la jeune Dounia Coesens qui joue Johanna dans la série.
Et selon Laurent Kerusore (Thomas), "pour la première fois en France, une série parle de la vie des gens".
"Ils se retrouvent dans au moins un personnage de +Plus belle la vie+, je pense que la TV depuis dix ans annulait le dialogue au sein des familles, et là, une série permet de renouer ce dialogue. La série est regardée par mamie, papi, papa, maman, les enfants et tout d'un coup il se passe un truc", estime-t-il.
Le feuilleton quotidien de France 3 a rassemblé lundi soir près de 6,8 millions de personnes, sa meilleure audience en nombre de téléspectateurs depuis son lancement en 2004.
"Le caractère transgénérationnel est un point fort sur lequel on travaille depuis le début", souligne Jean-Dominique Bourgeois, chargé du développement commercial chez Telfrance, le producteur de la série. Selon lui, les téléspectateurs retrouvent "une deuxième famille tous les jours" devant leur écran.
Autre raison invoquée pour expliquer le succès du programme: aller au-delà des ficelles classiques des scénarios romanesques ou policiers en évoquant des sujets de la vie de tous les jours ou l'actualité (chômage, santé, politique, drogue, famille, immigration, etc.)
"Tourner le feuilleton avec seulement six semaines de décalage par rapport à l'écriture nous permet d'intégrer l'actualité chaude", selon M. Bourgeois, citant les exemples des Jeux olympiques, de l'élection présidentielle ou d'évènements calendaires plus traditionnels comme la galette des rois ou la Saint-Valentin qui s'intègrent à la série.
Et aujourd'hui, "Plus belle la vie" cherche à pérenniser et à amplifier son succès. Site internet ("Plus belle la life"), bientôt un jeu vidéo, produits dérivés en tous genres (tee-shirts, mugs, DVD, livres, partenariats avec des fabricants, etc.) déclinent le phénomène.
"On a été les premiers à s'inspirer de ce que faisaient les séries US, comme +Desperate Housewives+, les premiers à ouvrir une boutique officielle", affirme M. Bourgeois, non loin de celle-ci, en face du bar des Treize coins.
Mais il affirme également prendre garde à un développement tous azimuts. "On a plus tendance à refuser des projets qu'à accepter. Il ne faut pas toucher à l'identité du feuilleton qui est la priorité absolue".
http://www.tv5.org/TV5Site/info/article-_Plus_belle_la_vie_une_deuxieme_famille_pour_des_millions_de_telespectateurs.htm?idrub=13&xml=newsmlmmd.545f8725b1a2e3b3623281763fdd63d8.2e1.xml